Nous avons tous et toutes un rôle à jouer.

Nous avons tous et toutes un rôle à jouer.

COUP DE GUEULE

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À l’heure où l’on parle d’urgence climatique et où l’on prône le respect de la Nature et de la Biodiversité, je suis attristée par le manque de considération de ces sujets par la plupart de mes collègues fleuristes.
Re-situons ce qu’est un·e fleuriste dans l’inconscient collectif… C’est une femme (oui oui, c’est souvent la représentation que l’on se fait) qui a une jolie boutique, ouverte 24h/24 ou presque… pour répondre à toute urgence florale. La boutique se doit d’être belle, remplie de fleurs, elle sent bon et tout fait rêver. En dehors du fait que tout cela ne représente que le tableau parfait et idéal, j’aimerais vous parler des choses qui fâchent et de l’envers du décor, quitte à me faire quelques ennemi·es au passage!
Car pour moi l’Urgence climatique est bien présente, omniprésente même, et j’estime que nous avons tous et toutes un rôle à jouer et une responsabilité sur l’évolution de notre impact, en tant que consommateur·ices et en tant que professionnel·les.

Je vous passe le constat alarmant du 80% des fleurs vendues chez les fleuristes sont importées…etc, etc…
A l’heure actuelle le problème est bien plus pernicieux.



Comprenant bien qu’une belle vague verte et écolo envahit le monde, certain·es sautent sur l’occasion et surfent allègrement dessus, avec des mots clés vendeurs tels que : “fleurs locales”, de “saison”, “fleurs françaises”, « éco-responsabilité »… et j’en passe ! Mais mon œil d’experte n’est pas dupe. Par exemple, dans le secteur Gironde/Aquitaine, je connais bien les 6 producteurs principaux du coin (seulement 2 en hiver), et les quelques dizaines autour, je sais ce qu’ils vendent et à quelle saison. Alors oui, je vois que certain·es fleuristes employant ces fameux « mots clés » vendeurs glisseront 3 ou 4 fleurs françaises (ou locales) dans un bouquet en contenant 30, et parfois au milieu de fleurs colorées artificiellement.

Et alors? me direz-vous. C’est déjà un bon début, non? Oui c’est vrai, on peut le voir comme cela. Pour ma part, je crois que cela brouille trop les pistes du client qui est déjà souvent submergé d’informations. 

Le professionnel a un rôle majeur d’information et de sensibilisation. Alors que de mon côté, je me donne la peine de me fournir en 100% local, quelque soit les demandes ou la saison, et bien ça me fout les boules!!!! (oui, je ne vois pas d’autre terme, désolée, la colère m’emporte !) Parce que c’est quand même beaucoup plus simple d’acheter ses fleurs chez un grossiste (parfois même en ligne), alors qu’elles auront parcouru des milliers de kilomètres, ont été réfrigérées et auront donc une durée de vie plus courte arrivées chez vous!



Une collègue qui fait beaucoup d’efforts sur la provenance de ses fleurs m’a dit cet été : « j’ai réussi à fleurir mon premier mariage en 100% local ! Bravo de réussir à faire ça à chaque fois, c’est un boulot dingue! ». Son témoignage m’a, à la fois fait du bien, pour la reconnaissance de mes efforts quotidiens, et à la fois attristée car cela rend bien compte de la difficulté que cela représente.

Et oui, c’est un boulot dingue, car pour les mariages ou évènements, il faut prévoir les quantités, couleurs, variétés, chez chacun·e des producteur·ices, en direct. Puis rebondir vite et tout recalculer quand à 5h du matin le jour même de l’achat, iels n’ont pas la commande, car la météo, ou des insectes en ont décidé autrement…

Oui oui, c’est du stress, beaucoup de stress, de l’improvisation et de l’adaptation à 100%, mais c’est possible, et pas au détriment de la qualité ou de l’esthétique! (tous·tes les client·es ont toujours été ravis du résultat.)

Alors oui, c’est le rôle de chacun·e de jouer le jeu, si des Marié·es demandent des roses en Mars, je leur dirai que ce n’est pas possible et peut être qu’iels préfèreront aller voir ailleurs. Et c’est à ce moment précis que tout se joue. Ce moment où les Marié·es ont le choix entre ce qu’iels avaient projeté, ce qui les fait rêver, et leurs convictions accompagnées de la réalité du monde dans lequel nous vivons.  Et idem en tant que fleuriste, c’est à ce moment que l’on décide (ou pas) de passer outre nos convictions pour accepter de faire plaisir, et ne pas passer à côté de ce contrat.



C’est le point de bascule, chez les consommateur·ices et les vendeur·ses, tous·tes deux acteur·ices dans la situation.

C’est ici que nous avons tous et toutes un rôle à jouer. C’est ici que se situe l’urgence climatique. Il est l’heure de modifier nos modes de fonctionnement et de s’adapter. Il est l’heure de faire le deuil de certaines envies, car ce n’est tout simplement plus possible de continuer à consommer comme avant. Ou plutôt si, c’est possible, mais vous ne pouvez plus dire que vous n’êtes pas au courant.

Je voudrais continuer à y croire, à croire que le changement est en marche et que les consciences vont s’éveiller. C’est peut être du déni, une utopie, mais c’est confortable et motivant. C’est pourquoi je continue de rêver pour avancer sur le front, déjouer les idées reçues, bouger les lignes, montrer que c’est possible *.



Nous avons tous et toutes un rôle à jouer, 

La·e fleuriste, en renonçant à proposer certains produits parce qu’elle ou il connaîtra la provenance, et/ou les traitements subis pour la transformation, en informant et sensibilisant ses client·es, la·e consommateur·ice, en s’informant sur la provenance, les productions, la saisonnalité et en faisant un choix conscient et responsable lorsqu’iel choisira la·e professionnel·le qui l’accompagnera. N’hésitez pas à poser des questions, vous aurez très vite une idée de l’engagement de votre prestataire !

La communication et le questionnement sont essentiels dans chaque démarche d’achat, ne passez pas cette étape, VOUS ÊTES ACTEUR·ICE DE CE CHANGEMENT tout comme chacun·e d’entre nous.

Christel, de Lebci Fleuriste.

Photos : Rémi Charrière

*Pour l’instant ce n’est possible que pour une entreprise comme la mienne, qui travaille en événementiel, et qui n’a pas besoin d’un stock permanent important comme en boutique (quoique certaines y arrivent). Il nous faudra développer la quantité de productions locales pour y arriver de plus en plus…heureusement c’est en marche, et je croise les doigts pour que les fermes florales se multiplient de plus en plus!

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