Cet article de blog est avant tout une expérience et réflexion personnelle. À la fin de l’année, je serais témoin d’un mariage entre deux (supers!) hommes. Après l’excitation passé, l’organisation du mariage commence et je tombe dans un trou noir : où sont les mariages gays ? Plus précisément : où sont les inspirations pour les mariages entre deux hommes ? Sur Pinterest, les blogs, les magazines, les shootings d’inspiration ou les portfolios des photographes… les couples gays sont quasiment absents. Et lorsqu’ils apparaissent, ce sont plus souvent des couples de femmes. Il y a comme un vide, une zone blanche. Et forcément, ça m’interroge.

Le constat est là : les récits et visuels autour du mariage sont encore très genrés et très hétéronormés : la mariée en robe blanche, le marié en costume. Les demoiselles d’honneur, les bouquets, la fameuse “entrée de la mariée à la cérémonie”. Alors forcément, quand un couple d’hommes se marie, ils sortent de ce schéma narratif traditionnel… et semble moins “rentrer dans le moule”. Mais est-ce une raison pour qu’on ne le montre pas ? Qu’on n’en parle pas ?
Moins de mariages ou moins de mise en scène ?
On pourrait penser que les hommes se marient tout simplement moins. C’est partiellement vrai : depuis l’ouverture du mariage aux couples de même sexe en 2013, les statistiques montrent que les femmes se marient un peu plus que les hommes. Mais l’écart n’est pas si grand.
Alors pourquoi si peu d’images ? Si peu de partages ? Si peu de récits ?
Peut-être parce que les couples d’hommes ressentent moins le besoin de “mettre en scène” leur mariage. Peut-être qu’ils ont moins envie d’en faire un événement « Instagramable ». Peut-être aussi qu’ils sont plus discrets, plus pudiques. Ou qu’ils ne se reconnaissent pas dans les codes dominants du mariage tel qu’il est présenté aujourd’hui. Pour Alexandre et Guillaume, se marier a toujours été une évidence. “Dès les premiers moments, on était d’accord sur le fait de se marier. C’était une suite logique, une manière de s’engager vraiment. La seule vraie question : Qui allait faire la demande ! Même s’il n’y a plus vraiment de règle, dans les couples hétéros, c’est souvent assez vite défini.”
Ces questions, beaucoup de couples se les posent, et chacun y répond à sa façon. Mais tant qu’elles ne trouvent que peu écho dans les médias spécialisés, tant que les visuels dominants ne s’ouvrent pas à d’autres possibles, le sentiment d’être « hors norme » persiste.








Des codes à réinventer, ou à contourner ?
Le mariage, dans l’imaginaire collectif, reste profondément genré. Ce n’est pas une critique, mais un constat. Et quand on ne se retrouve pas dans ces codes, il peut être difficile d’imaginer “son” mariage, de s’y projeter. Est-ce qu’on porte tous les deux un costume ? Est-ce qu’on fait une cérémonie laïque ? Est-ce qu’on danse une valse ? Est-ce qu’on ose inviter un photographe pour immortaliser tout ça ? Et surtout : est-ce qu’on partage ensuite ces images avec le monde ? G & A le confirme : au-delà de l’organisation, il y a les codes. “Même si les mariages sont aujourd’hui plus libres, les couples hétéros peuvent s’appuyer sur des traditions. Pour nous, c’est plus flou : qui rentre en premier à la cérémonie? Est-ce qu’on se cache les tenues avant le jour J ?…”
Et si c’était aussi une question de regard ?
Il faut aussi se demander si le monde du mariage – les blogs, les photographes, les wedding planners – est prêt à mettre en lumière ces unions. Non pas par rejet, mais parfois par simple automatisme. Parce qu’on ne pense pas forcément à diversifier ce qu’on montre. Et pourtant, ces mariages existent. Ils sont beaux, émouvants, tendres, drôles, puissants. Et ils méritent d’être vus. G & A me l’ont dit : “On ne se sent pas toujours la cible.” Dans l’organisation de leur mariage, leur expérience a été plutôt positive. Mais la représentation, elle, fait encore défaut. “Les inspirations que l’on trouve en ligne mettent rarement en avant des couples d’hommes. Et quand c’est le cas, c’est anecdotique.” Les sites de prestataires, souvent très genrés, parlent surtout à « la mariée ». “Parfois c’est un peu agaçant, mais on y prête plus vraiment attention.”
Malgré tout, il y a des appréhensions. “Avant chaque rendez-vous, j’avais toujours une petite peur. La peur de tomber sur une réaction homophobe. Je l’ai tout le temps.” Ils essaient de se rassurer, de repérer les prestataires déjà ouverts à la communauté LGBTQ+, mais ce n’est pas toujours évident. “Ce manque de visibilité nous a fait réaliser qu’il y a encore du chemin à faire.” Pour Florian & Marty, ce fut aussi un critère essentiel : “ l’inclusion des prestataires était primordiael. Et tout s’est très bien passé : pas de jugement, pas de maladresse, juste de l’écoute.”

“C’est aussi une manière de légitimer notre couple.”
À l’origine, leur démarche n’était pas militante. “Mais en avançant dans les préparatifs, on s’est rendu compte que ce mariage prenait une autre dimension.” Pudiques, ils allaient pourtant être le centre de l’attention. “C’est la première fois que l’on pense uniquement à nous, nos goûts, nos choix. Et quelque part, c’est aussi dire : nous aussi, on a le droit d’être une famille.”
Florian & Marty, eux aussi, le confirme : le mariage, pour eux, est avant tout une affaire de sentiments, de sincérité et de partage. “On voulait marquer cet engagement devant nos proches, passer une belle journée, entourés de ceux qui comptent. C’est personnel avant d’être politique.”
Et pourtant, sans l’avoir cherché, leur union devient une portée symbolique : “nous n’avons pas invité certaines personnes qui, depuis que j’assume ma sexualité, ne nous ont plus soutenu. Ce mariage, c’est notre vie, telle qu’elle est. Pas besoin de prouver quoi que ce soit. Nous choisissons d’être fidèles à nous-mêmes.”
Montrer pour inspirer
Alors, pourquoi est-ce important de montrer ces mariages-là ? Pas pour en faire des “exemples”, encore moins des vitrines. Mais parce que chaque récit partagé peut aider un autre couple à se sentir légitime. Parce qu’une photo vue, une histoire lue, peut ouvrir un imaginaire et dire : toi aussi, tu as ta place.
Si vous êtes deux hommes et que vous vous mariez, sachez une chose : votre histoire compte. Et si vous acceptez de la raconter, de la montrer, vous ferez plus que célébrer votre amour. Vous inspirerez d’autres couples. Vous ferez un peu bouger les lignes.
Et ça, c’est déjà beaucoup.

Merci à la super team ci dessous pour les images illustrant cet article :
Photographie : https://filmea-production.com/
Land Art : www.deflorette.fr
Bijoux : www.mystico.fr
Tenues homme : www.cecilelabrunie.com
Costume homme : www.lecostard.com
Le point de départ du shooting a été l’envie de réinventer un peu le vestiaire masculin pour l’union de deux hommes. Depuis plusieurs années, j’avais dans mes carnets les esquisses de 2 silhouettes masculines qui jouaient avec certains codes de la mode féminine. J’avais en tête un mix entre fluidité et transparences (dites féminines), coupes tailleurs (dites masculines) et vêtements aux influences orientales (unisexes).
C’est la rencontre avec ma stagiaire Julie Vincent qui a été le détonateur pour passer de l’idée à la réalité. J’ai réalisé le top en tulle et organza de coton brodé (qui est une déclinaison de la robe LOUISE, elle-même inspirée par la robe watteau = dos-traîne). Pour son oral de BTS mode, Julie a travaillé sur la seconde silhouette, en suivant mes inspirations et mes conseils. Nous avons alors imaginé, un ensemble écoresponsable, composé d’un pantalon thaï en coton gratté (made in france) (fluide et doux) avec jeu de ceintures à la taille, et d’une veste tailleur (de seconde main) en lin, twistée par de nouvelles découpes et détails en coton motif toile de jouy (stock dormant).
L’idée du shooting s’est ensuite construite tout naturellement, autour du couple Alex&Dylan, très sensible à l’idée de créer un petit cocon 100% local dans les paysages limousins, si chers à leur cœur. Nous avons alors rassemblé des prestataires partenaires, dont le travail plaisait vraiment à nos amoureux, qui souhaitent une esthétique élégante, minimaliste et minérale. Un mélange de force brute et d’évidente douceur.
