Un jour, avec plusieurs copines prestataires, nous nous sommes réjouies que des mariés aient choisi UNE dJ…
Dans le monde du mariage, certains métiers sont très (très) genrés ; la majorité des hommes prestataires vont être sommeliers, techniciens sono, etc. Pour les femmes : créatrices de robes, wedding-planners, officiantes, fleuristes, créatrices de papeterie.
Toutefois il est réconfortant de constater que certains métiers sont en bascule et donc plutôt mixte : traiteurs, métiers de la bouche, photographes & vidéastes …
Un autre jour, je me suis réjouie que ce soit UN marié qui lance le bouquet, que ce soit LE marié qui gère la partie fleur, que la Mariée décide de porter des baskets et un pantalon…
Puis un jour, je me suis demandé s’il était « normal » que tout cela me réjouisse. Moi qui tente de déconstruire tous les codes et modes de vie depuis des années, je me suis inquiété de ne pas trouver cela juste « normal » et j’ai réalisé à quel point le mariage véhicule certaines symboliques patriarcales & genrées.
Mais au fait c’est quoi le patriarcat ? /
Le patriarcat est un concept sociologique pour désigner une forme d’organisation sociale et juridique fondée sur la détention de l’autorité par les hommes, à l’exclusion des femmes. Tout ce qui se rapporte donc au masculin est valorisé, et le patriarcat est un terreau fertile pour les discriminations, le sexisme et les inégalités entre hommes et femmes.
Historique /
Dans l’histoire du mariage, il y a les mariages « arrangés », d’argent ou tout autre type d’union d’un autre siècle ( qui devraient définitivement être obsolète !), dans lesquels la femme est souvent considérée comme monnaie d’échange…et qui baignent donc salement dans le patriarcat. – En effet, avant la loi du 23 décembre 1985 (!!) pour avoir un statut social… il fallait se marier ! Cette loi accorde aux époux la gestion commune de la communauté en régime légal & supprime toute référence au mari, pour marquer l’égalité entre les époux.-
Si l’on parle donc à l’inverse de « mariage d’Amour », de partenaire choisi.e, le constat est sévère : nous baignons tout de même consciemment et/ou inconsciemment dans des codes hérités du patriarcat. Cela a toujours été renforcé par les fables & l’univers Disneysque : c’est LE plus beau jour de la vie des futurs mariés. Mais dans les contes de fées, l’histoire s’arrête toujours au mariage. Vous savez le « Ils vécurent heureux & eurent beaucoup d’enfants » ! C’est la fin de l’aventure, notamment pour la femme pour qui l’histoire s’arrête bel & bien là. Terminado, Basta. Le goal life est atteint.
Aujourd’hui, le passage à l’église (ou autre lieu de culte) n’est plus une norme pour certains couples qui décident de s’en affranchir. Il n’existe plus un seul et même rite de mariage. Néanmoins, il est intéressant de réaliser que malgré la liberté qu’offre la cérémonie laïque, beaucoup de marié.e.s conservent les mêmes codes sexistes & des mises en scènes bien ancrées dans le rituel marital :
La bague est symbole de propriété (avez-vous déjà remarquer que seule la femme avait une bague de fiançailles.. et l’homme, alors?)
le père escorte sa fille jusqu’au futur Marié
La femme est en robe blanche
La mariée lance le bouquet (ou organise le jeu des rubans)
Coté organisation, les rôles sont, la plupart du temps, définis comme suit : c’est souvent la future mariée qui gère la partie fleurs/déco, le futur marié qui s’occupe de la partie traiteur, vins/alcools, musique…
Quid des couples homosexuels? /
C’est drôle de constater que certains font le choix de reproduire ces codes, alors qu’ils pourraient totalement se détacher du schéma et explorer toutes les cases! Cela interroge donc sur la valeur des traditions. En effet, initialement le mariage reste un rite de passage, une étape dans la vie d’un couple, depuis des siècles!
Et si finalement les codes traditionnels nous rassuraient? /
Les rites et rituels font partie intégrante de l’histoire de l’humanité. Certains se sont perdus, d’autres transformés, mais la réalité est que nous baignons dedans depuis des siècles, même des millénaires, et que pour la plupart ils nous font du bien. Nous les trouvons beaux et/ou nécessaires (mariage, deuil, baptêmes religieux ou civils…). Ils nous donnent des repères, mettent de l’ordre, fédèrent, créent une cohésion autour de mêmes envies, de mêmes visions communes. Alors oui, forcément dans leurs transformations, ils se sont empreints de codes attachés aux religions et par rebond, à nos sociétés patriarcales. Ils se perpétuent depuis de génération en génération, : ils ont quelque chose de rassurant, de presque « normal », conventionnel, comme un lien qui tisserait notre appartenance à telle famille/religion/culture/tradition/pays. Ils ont une force symbolique et psychologique.
Sociologiquement, l’humain a besoin d’appartenir, de s’identifier à un groupe, et de se réunir. Toutefois, certaines personnes préfèrent se détourner des codes et des cases, elles y sont moins attachées et souhaitent les ré-inventer, se les approprier. Comme beaucoup de systèmes sociétaux, il est nécessaire de les remettre en question, de s’interroger sur ce qu’ils représentent réellement pour nous (et nous seuls, sans les injonctions sociales ou familiales), pour être en mesure de les dé-construire.
Ensuite seulement, chacun.e peut se les approprier de manière individuelle et personnelle. Nous pouvons d’ores et déjà dire que la révolution du mariage est en marche, et quelle joie d’être témoins de ces changements profonds!
Comme pour tout, le patriarcat est ce que l’on en fait. Si ces codes sont choisis et non subis cela peut apporter une autre dimension !
La conclusion de ces observations est celle que l’on crie haut et fort par ici : l’essentiel reste que votre mariage vous ressemble! (Avec toutes les contradictions que cela peut impliquer). Il sera un incroyable moment de joie et de bonheur intense, puissant, que peu de célébrations nous procurent dans nos sociétés. Détachons nous du protocole habituel si on le souhaite, restons dans les cases, ou réinventons le monde du mariage, avec des rituels contemporains, pourquoi pas!
Parce que dans la team du Noyau, on adore être surpris 😉
Photos : Aurore Trelaun / Pauline Maroussia P / Sarah Miramon.