À la rencontre de La Petalerie : ferme florale à Eysines.

À la rencontre de La Petalerie : ferme florale à Eysines.

Cela fait longtemps que nous avions envie d’écrire une série d’articles autour des producteur.ice.s de fleurs éco-sensibles du bordelais ✨️🌱
Nous commençons ce flower-trip avec la pétillante Bindi de La Pétalerie. Membre du Collectif de la Fleur Française et ancrée dans une démarche d’agriculture régénératrice, elle s’efforce de restaurer la richesse de la terre et la biodiversité locale. En adoptant des pratiques horticoles durables et respectueuses, elle réduit au maximum son impact environnemental, protégeant ainsi la nature qui l’entoure, en opposition marqué avec les modes de culture intensifs et les importations de l’autre bout du monde, souvent très agressifs pour la planète et la santé humaine (bonjour les pesticides & les fongicides!). Située dans la périphérie de Bordeaux, sur un terrain vague auparavant laissé à l’abandon, Bindi cultive des fleurs de saisons parfaitement adaptées aux caractéristiques du sol et du climat.. On vous laisse avec elle, elle en parle mieux que nous ; )

– Depuis combien de temps travailles-tu dans la fleur ? Quel est ton parcours ?
Les fleurs, ça a toujours été mon kiff ; ma mère est arboricultrice-horticultrice en Australie, j’ai grandi dans une ferme.
À la base, je suis juriste, j’ai fait des études à Melbourne. Puis après Paris, Madrid et deux enfants, on est arrivé à Bordeaux et je n’ai pas trouvé de boulot en tant que juriste : j’ai travaillé dans la communication pendant 5 ans. Durant la période covid, j’ai remis beaucoup de choses en question et je suis tombé sur une interview France5 qui parlait d’une ferme florale, j’ai trouvé ça magique ! J’ai alors exploré l’option « fleuriste écolo », j’avais vu ça à Londres : elle utilisait des fleurs de saison, elle livrait à vélo, ne faisait qu’un bouquet par semaine, le même pour tout le monde et j’ai adoré ce concept ! J’ai fait un stage chez une fleuriste rue Notre-Dame à Bordeaux, et j’ai passé mon bac pro horticulture avec le Centre National d’éducation à Distance pour l’Agriculture.

Depuis quand as tu commencé et comment as tu trouvé le terrain de la ferme florale ?
– Je voulais reprendre un terrain en friche, j’ai donc contacté la mairie du Bouscat, la mairie de Bruges, et c’est finalement la mairie de Eysines qui a pu me mettre en relation avec l’ancien maraîcher d’ici. Je souhaitais absolument réaliser une « agriculture urbaine » : cela n’est pas valorisé et c’est dommage. Je voulais créer quelque chose qui soit en circuit court, qui soit accessible pour les personnes qui n’ont, normalement, pas accès à ce genre de chose. Les mairies des alentours m’ont plutôt encouragé, et La Pétalerie a vu le jour au début du printemps 2024.

– Quelle est ta journée type ?
En pleine saison ? Réveil à 5h, je prends mon café et j’arrive à La Pétalerie, j’utilise les phares de la voiture pour commencer la récolte. J’aime terminer avant 10h, avant qu’il ne fasse trop chaud. Je dépose les fleurs en chambre froide, juste à coté, puis je passe à la manutention : conditionnement, mettre en bottes. Sur ma pause déj : planification, administration, appels, mails. Le soir, je viens arroser, désherber, s’il le faut.
En basse saison, la plupart des journées, je suis dans la pépinière : on sème, on transplante, on arrose, on prends soin.

– Quel est ton moment préféré et celui que tu déteste le plus ?
Arriver le matin à l’aube, avec mon café, devant le grand tilleuil et le soleil qui lève..et voir les fleurs que je vais cueillir.
Le pire ? Quand je vois le liseron, ou les 15000 tâches à faire. Chaque chose faite ou pas a une conséquence directe sur les semaines à venir.


– Est ce un métier qui t’épanouie ?
Oh oui ! Je ne suis jamais plus heureuse qu’a La Pétalerie !
Rester assise devant un écran.. non merci ! Lorsque j’étais juriste, j’avais envie d’aller dehors, de bouger.. j’adore être ici !

– Ferais-tu le même chemin, si c’était à refaire ?
Tout pareil, y compris m’établir en ville, même si ce n’était que pour 2 ans, cela m’a permis de discuter avec les gens, de parler d’agriculture, de biodiversité, de l’importance du circuit court..

– Penses-tu que ton combat de productrice en circuit court rejoint aussi celui de la lutte paysane ?
Oui, j’exploite la terre, mais j’essaye de l’améliorer, de la nourrir, de la penser comme essentielle dans la chaîne alimentaire.

– Est ce que c’était important pour toi d’avoir un label ? Est ce que tu penses que cela puisse être un argument de vente ?
Je ne pense pas que cela aide à la vente : le label AB c’est du pipeau ! Le bio est ancré dans mon discours depuis le début de La Pétalerie. Mais le label AB permet d’avoir plus de critères dans les demandes de subventions, et ce n’est pas négligeable !

– Est-ce que cela a encore du sens de cultiver la fleur avec le réchauffement climatique ?
Oui ! Je pensais être la seule à avoir besoin de fleurs dans sa vie, mais non : les gens ont besoin de fleurs !


– Est-ce essentiel pour toi, de t’adapter (au réchauffement climatique) ?
Oui ! Je fais des recherches, des expériences, je n’insiste pas si les fleurs ne tiennent pas, je choisi les variétés en conséquence, je pose des questions aux fleuristes, c’est impotant pour moi.

– Tu aimes ce métier, où tu prends des décisions seule ?
Pour moi, dans la vie en général, c’est dur de prendre des décisions : je prends des informations un peu partout, j’analyse les conséquences, les impacts… L’année dernière, j’ai eu une stagiaire et c’était super de pouvoir échanger au quotidien avec elle.

– Tu as dit, tout à l’heure, que la fleur est essentielle dans nos vies… Qu’apporte t’elle aux gens ?
L’apaisement.

– Un monde sans fleurs ce n’est pas possible ?
Littéralement : ce n’est pas possible ! (rires).

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